Etape 1 - Sur la route de Belize
Dimanche 22 janvier. Réveil très matinal pour destination lointaine. 4 heures du matin, les yeux en boutons de chemise pour vérifier une dernière fois la valise avant mon grand départ pour le Guatemala. ça pique un peu... Le Guaté quoi ? Mala... le Guatémala quoi. "Ah bon, ça existe, ça ?" "Bah oui, ça existe" "Ah... Et il y a quoi par là-bas ?" "Par là-bas, c'est l'empire Maya..." 3.000 ans de règne sans partage sur une grande partie de l'Amérique centrale et du Mexique. Pendant ce temps-là, on ne s'amusait guère sur nos petits territoires européens. Paris n'était qu'une prairie humide et Londres, je ne vous raconte même pas. Bon, ok, je m'arrête là. On n'est pas là non plus pour barber les gens. Tout ça pour dire qu'il fait un froid de canard sur le quai de la gare de Montargis quand mon train m'emporte vers la capitale. Changement d'aiguillage à Châtelet et direction Orly où un vol Air France m'attend tranquillement pour me transporter vers New-York...
Tout le monde suit jusqu'ici ? Parce que c'est justement là que l'affaire se complique. Une fois mes bagages enregistrés, il me faut aller les rechercher dare-dare dans les sous-sols de l'aéroport. Petit problème technique sur le coucou qui devait traverser l'Atlantique. Ok, le temps de négocier un autre vol, direction Atlanta (c'est justement là que devait m'emmener ma deuxièmé étape avant le pays des Mayas...), je grimpe à bord d'un taxi, direction Roissy-Charles-de-Gaulle. Aux frais de la princesse, Non mais... eh... Sauf que je me retrouve tassé comme un sandwich SNCF à l'arrière d'une berline avec un couple de Béliziens (habitant de Bélize, au pays de loinloinloin... là où je vais justement !) qui commence à me prendre pour un malade mental quand je leur dis que je pars traîner mes guêtres au Guatemala. "Madre dios ! Te loco ! Ils vont te découper en morceaux si ta famille ne paie pas la rançon !" Ah merde alors ! ça, je ne l'avais pas vraiment prévu en effet. Dans le Routard, pas un mot pour les enlèvements crapuleux et les découpages en rondelles en cas de force majeure...). Ok, j'avale ma salive, ou plutôt ce qu'il en reste, et je grimpe à bord de l'Airbus, direction Atlanta. "Y'a-t-il quelqu'un à bord qui aurait une tronçonneuse pour découper le hublot ?" Je ne suis plus vraiment très chaud à l'idée de renvoyer à ma famille des morceaux de ma personne...
Ok, je fais contre fortune bon coeur et je tente de fermer les yeux. L'oubli, c'est encore la meilleure manière de ne pas penser au pire dans la vie. Sauf que le pire peut vous rattraper très vite, surtout quand un avion transportant 200 passagers à son bord se fait remuer sec par de gigantesques tornades au-dessus d'Atlanta. ça secoue dans tous les sens, et toutes les quinze secondes, on a l'impression que l'avion fait une chute de dix mètres. A bord, c'est pas vraiment la rigolade. ça grince des dents et ça prie dans tous les sens. Je regarde mon voisin : au concours du visage le plus livide, je dois sans doute remporter la palme. Mais bon sang, qu'est-ce que je suis venu faire dans cette galère ! Au bout de 45 minutes, le commandant de bord nous annonce qu'à force de tourner au-dessus d'Atlanta, on est prié d'aller atterrir dans le Tenessee voisin. "Bonjour Elvis, Nashville et le pays du blues, l'empire maya attendra..." A cette annonce, j'ai presque envie d'embrasser ce commandant de bord. Le "Space mountain" permanent, ça finit par lasser. Et s'il faut rester la nuit entière au pays d'Elvis, qu'on y reste, mais plus jamais ces turbulences ! Finalement, nous patienterons trois bonnes heures sur le tarmac d'une ville inconnue en attendant de repartir pour de bon vers le sud.
Espace aérien d'Atlanta enfin rouvert. Du coup, on atterit avec quatre bonnes heures de retard sur l'horaire prévu. Côté contrôle d'immigration américaine, c'est un peu la panique. Aux USA, avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure. Une seule pauvre agent dans sa petite guitoune pour contrôler les 2.000 pommes transformées en compote par les turbulences des vols retardés. Bonjour l'organisation. Dans son bureau ovale, l'ami Trumpy doit s'en arracher sa moumoute permanentée, les contrôles ultra stricts, ce sera pour une autre fois. Bref, après quatre autres bonnes heures à attendre mon tour, je foule enfin le sol américain. Plus de d'une heure du matin, plus vraiment le temps de me rendre en ville dormir dans ma chambre d'hôtel. Je me fais une petite place sur un des sièges du hall d'arrivée et je me tape un petit roupillon avant mon prochain vol pour Bélize. On va y arriver... Take it easy.


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